Une sensation humide et rugueuse sur sa joue vint interrompre le sommeil de Yancha. D’un oeil à peine ouvert et ébloui par la lumière du matin il examina la silhouette de celui qui venait de rompre son repos pourtant bien mérité.

Sur ces sympathiques paroles à l’encontre de son compagnon roux, il enfouit son visage sous sa couverture et tourna le dos à l’assassin de sa grasse matinée. Celui-ci ne sembla pas apprécier le geste puisqu’il ne tarda pas à bondir sur son maître, l’écrasant de tout son poids.

Un cri de douleur retentit dans la petite chambre. Sabimaru comprenant son erreur s’empressa de sauter du lit pour se coucher au sol, oreille basse en signe d’excuse. Le visage du jeune Inuzuka, maintenant assis, affichait une grimace de douleur, il se tenait le côté gauche des côtes recouvert d’un bandage rougit par le sang.

Il considéra alors la position de regret de l’animal et ses lèvres se parèrent d'un léger sourire de réconfort à son égard.

Dit-il en caressant la tête de Sabimaru. Sa main se dirigea ensuite, machinalement, vers sa table de nuit où se trouvait un paquet rectangulaire qui semblait bien vide. D’une habileté déconcertante ses doigts se glissèrent à l’intérieur de celui-ci afin d’en extirper une cigarette, la dernière. Sa seconde main s’enquit d’un briquet posé au côté de ce paquet et d’un mouvement sec du pouce, il alluma sa cigarette qui avait maintenant rejoint sa bouche. Un fin filet de fumée ne tarda pas à s’en dégager. Yancha se leva alors et se dirigea vers la porte de sa chambre, une nouvelle grimace de douleur vint orner son visage. Quelle plaie cette blessure … et c’était le cas de le dire car l’entaille était profonde. Celle-ci était la séquelle d’une mission dont revenait le jônin. Une mission qui, bien que menée à bien, ne s’était pas tout à fait déroulée comme prévu. Une sale histoire d’embuscade … Et encore lui s’en était bien tiré, certains de ses coéquipiers, à l’heure actuelle, séjournaient toujours à l’hôpital. Yancha avait refusé d’y passer plus d’une journée, il n’en supportait pas l’ambiance et soutenait qu’il était capable de se soigner tout seul malgré son modeste niveau en iroujutsu. En réalité l’interdiction de fumer dans l’enceinte de l’hôpital en était la principale cause. Toujours est-il que Yancha, une fois dans la pièce principale de son appartement, se servit un café avec lequel il ne manqua pas de se bruler la langue, écrasa son mégot dans un bol bien rempli qui faisait office de cendrier et avala, en guise de petit déjeuner, un oeuf au plat gluant car pas assez cuit. En somme que de signes annonciateurs d’une bonne journée … De plus aujourd’hui, du fait de sa blessure, il était de repos.
Son regard se posant sur sa veste quotidienne déchirée au côté gauche, autre conséquence de sa dernière mission, une idée pour occuper son temps libre lui vint à l’esprit. Il se souvenait d’une jeune genin qui se débrouillait bien en couture, sa réputation n’était d’ailleurs plus à faire dans ce domaine, nombre de ninjas passaient par cette dernière pour rafistoler leur tenue abîmée au combat. Il l’avait d’ailleurs lui même déjà sollicité pour la même veste; leur première rencontre ne s’était pas déroulé de la meilleure des façons, la jeune fille souffrait d’une allergie à la bave de chien … Enfin bref, c’était donc décidé : sa veste avait besoin d’un petit coup de neuf. Le temps de retrouver l’adresse de ladite couturière notée sur un bout de papier et il se mit en route.

Quelques rues adjacentes plus tard Yancha se planta devant la porte qui affichait le numéro inscrit sur son bout de papier. Sabimaru ne se trouvait pas à ses côtés comme habituellement; il avait trouvé plus sage de laisser son compagnon canin chez lui afin d’éviter une nouvelle crise d’allergie à la jeune genin. Il frappa donc, de son poing, trois coups sec sur la porte. Après un bref instant d’attente, celle-ci s’ouvrit.




Halloween

La porte s’ouvrit et laissa apparaitre la jeune genin dont il était venu quérir les services. Elle était vêtue d’un seifuku teinté de noir et de blanc.

Yancha accepta l’invitation et pénétra donc dans ce qui semblait être un atelier. Un ruban était posé sur une table, sûrement un ouvrage en cours. Il se délesta alors de sa veste et l’exposa sur la même table, mettant en évidence la déchirure au coté gauche.

Il appuya ses propos en indiquant avec le doigt les différentes entailles qui parsemait le vêtement en plus de la principale trouée sous la manche.

Yancha n’avait pas encore terminé sa phrase qu’il prit place dans un fauteuil qui se trouvait non loin de là. Il fourra sa main dans la poche de son pantalon et en sortit le paquet de cigarette qu’il avait acheté sur le chemin, considéra son hôte, et remit alors le paquet dans la poche dont il sortait. L’habitude de fumer dans son appartement lui faisait souvent oublier que tout le monde n’appréciait pas l’odeur du tabac chez soi.




Halloween

Une demi heure ? Très bien. De toute façon Yancha n’avait pas grand chose à faire aujourd’hui … et Sabimaru pouvait bien patienter un moment tout seul à l’appartement.

La genin se mit alors au travail. Elle enfila un étrange bracelet surmonté d’un coussin où étaient plantés divers aiguilles et s’attaqua à la principale déchirure. Elle paraissait concentrée. Yancha, toujours confortablement installé dans son fauteuil, effectua, du regard, un rapide tour d’horizon de l’atelier auquel il n’avait pas encore vraiment fait attention. Il aperçut alors d’innombrables tissus entreposés sur plusieurs étagères, des tissus de tout type de forme et de couleur; des machines bien trop complexes à son goût ainsi que des mannequins mieux habillés qu’il ne l’avait jamais été. Son regard se posa de nouveau sur la jeune couturière toujours aussi concentrée sur sa veste. Yancha voulut se rapprocher afin de constater l’avancée du travail mais un geste trop brusque vint soudainement lui rappeler sa blessure aux côtes qu’il avait tendance à oublier trop facilement.

Il se rassit donc doucement après avoir laissé échappé un juron sous le coup de la douleur. La paume de sa main droite se teinta alors d’une lueur verte qu’il apposa sur la plaie afin de soulager sa souffrance. Une technique de base d’iroujutsu nommée Shousen.




Halloween

Une fois la douleur passée, Yancha redressa la tête pour découvrir l’état de panique de la jeune couturière, elle semblait se concentrer sur sa respiration. Alors le regard du jônin se porta sur les mains de cette dernière, il ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire en constatant l’aiguille plantée dans son doigt. Il lui en fallait peu pour paniquer … Toujours est-il qu’après s’être calmée et avoir recouvert son doigt d’un pansement la genin se remit au travail, la trouée principale étant recousue, elle s’attaquait maintenant aux différentes entailles qui recouvrait le vêtement.

Décidément cette jeune kunoichi avait le chic pour tout dramatiser. Certes, sa blessure était embêtante mais elle ne le paralysait pas non plus.


Quelques minutes plus tard, équipée de lunettes, la couturière souleva la veste et l’inspecta de haut en bas, elle vérifiait sûrement si elle n’avait oublié aucun accroc et la qualité générale de son travail. Semblant satisfaite, elle se tourna vers le propriétaire de celle-ci.

Yancha se leva alors, plus doucement que précédemment afin de ne pas réveiller la douleur de sa blessure, et s’approcha pour constater la valeur du travail fournie. Loin d’être un expert, il n’était pas réellement capable de juger la qualité des rapiècements effectués, la simple disparition des trous suffit à le satisfaire.

Il fourra alors ses mains dans les poches de son pantalon afin d’y trouver de quoi payer, mais elles n’y croisèrent que son paquet de cigarettes. Paquet de cigarettes acheté sur le chemin avec l’argent qu’il avait justement prévu de consacrer à la réparation de sa veste …

 




Halloween

20 ryos ce n’était pas excessif … Ce n’était pas excessif, mais même avec l’argent qu’il avait déboursé plus tôt pour acheter ses cigarettes, il n’aurait pas une somme suffisante.

Parfait. Une semaine c’était plutôt large, seulement le jônin avait la mémoire courte …
La jeune genin se dirigea vers une table où était posé un petit carnet, elle l’ouvrit, prit un stylo et nota quelque chose sur l’une des pages dudit carnet. Une idée, afin de ne pas oublier sa dette, vint alors à l’esprit de Yancha. Il sortit de sa poche le bout de papier sur lequel figurait l’adresse de la couturière, s’approcha de la table, emprunta le stylo et écrivit au dos de ce papier « 20 ryos - Jeudi ». L’idée n’était pas mauvaise, malheureusement ce morceau de papier avait de grandes chances de finir au fond d’une poubelle par inadvertance … Néanmoins, une fois le papier retourné dans la poche de son propriétaire, Yancha se tourna vers la jeune genin et lui tendit la main. Seulement, lorsque leurs mains entrèrent en contact, la paume du jônin se teinta du même vert que celui arboré précédemment pour soulager sa blessure. Après cette poignée de main, Yancha sortit une cigarette, la porta à ses lèvres et se dirigea vers la porte par laquelle il était entré une demi heure plus tôt.

Sur ces mots il sortit de l’atelier fermant la porte derrière lui. Alors qu'il allumait sa cigarette, Yancha réalisa qu'il ne connaissait toujours pas le nom de la jeune couturière dont il venait de s'offrir les services ...

 


Halloween