Une demie heure de balade non-digestive
Et me voilà assise sur une branche, les jambes balançant dans le vide.
J'aime bien les missions d'espionnage ou surveillance mais je préfère quand ça concerne les êtres humains. Enfin, l'avantage, ici, c'est de trouver la paix de la forêt, sans personne autour et, surtout, personne sur mon dos. J'inspire profondément. Jusque là, il n'y a vraiment rien eu à signaler. Et les calme ambiant est bien agréable.
J'agite mes jambes en rythme ; nouvelle pensée pour les braconniers.
C'est quoi leurs rêves, à eux ? Voler des animaux ? Se faire du fric sur leurs dos ?
Quels qu'ils soient, je suppose qu'ils ont plus d'ambitions que moi.
Ah, c'est embêtant de bosser pour un rêve qui n'est même pas vraiment le sien.
Je soupire et m'agace toute seule.
Quand je perçois du mouvement un peu plus loin. Ni une ni deux, me voilà à nouveau campée sur mes deux jambes et je me précipite vers la source du mouvement.
Deux cerfs passent, agités, à vive allure. Hm, eux, ils ont peut être bien été embêtés par les braconniers.
Je les suis à distance, comme précédemment.
Tout à coup, quelque chose de trop humain brise l'environnement animal du lieu. Ce sont des voix. Trop puériles pour qu'il s'agisse des braconniers -qui, par ailleurs, ont peut être déjà été choppés par les Nara.
-J'te dit, y'a un monstre au cœur de la forêt et on va aller le défier !-A... arrête de raconter n'importe quoi...-Aha me dis pas que t'as peur, tu veux devenir ninja ou tu veux pas ?-Ouais, arme-toi un peu de courage, futur shinobi !Une moue se forme sur mes lèvres lorsque je vois les trois silhouettes qui avancent au sol. Trois jeune garçons qui n'ont certainement rien à faire là. Surtout que deux cerfs à moitié paniqués vont directement à leur rencontre.
La scène se passe très vite.
Un des garçons hurle « le moooooonstre ! » sans réfléchir lorsqu'il capte les deux silhouettes animales arrivant à grand pas vers eux. Ses camarades, malgré leur soit disant courage de shonobi panique à leur tour.
L'être humain est bien étrange parce que quand il a trop peur, il fait tout sauf ce qu'il devrait faire avec un bon instinct des survie : fuir.
Aussi, les trois bouts d'homme piétinent sur place en criant.
Mon sang ne fait qu'un tour et je saute sur eux. Ne voulant absolument pas blesser les cerfs -paraît que ma mission c'est, au contraire, m'assurer qu'ils soient saufs- je me contente de balancer les gamins hors de la trajectoire des animaux. Pas trop compliqué, ce sont des poids plume. Mais comme je n'ai pas pris le temps d'enfiler mes gants de délicatesse avant de les jeter hors du chemin, chacun des trois individus roule et s'écrase sur le sol un peu plus loin. Ils n'ont pas la tête de ceux qui n'ont rien vécu -légères griffures dues aux cailloux et traces de terre sur le visage, les bras, les jambes- mais au mois, rien de grave.
Les cerfs s'éloignent, sans ralentir le pas. Je les suis un court temps, afin de m'assurer qu'il n'y ait pas d'autres dégâts. Puis je reviens là où j'ai laissé les enfants. Lesquels sont toujours là, à masser leurs articulations.
L'air autoritaire, je me plante devant eux, mains sur les hanches :
-Ben alors ? Vous pensez pas que vous avez mieux à faire que traîner ici ? Genre... vous rendre à l'académie, par exemple ? C'est pas en séchant les cours que vous deviendrez des shonobis ! Allez, oust avant que je ne prévienne votre professeur.Ils ont bien compris qu'il ne fallait mas discuter. Ils se relèvent, s'apprêtent à reprendre le chemin vers le village.
-Ah, au fait, j'ajoute, y'a pas de monstre ici. Les seuls monstres de la forêt à l'heure actuelle, c'est vous.Et bam ! Dans vos...
Ah, oui, j'aime les enfants !
Faut pas trop m'en demander non plus. Je viens de leur éviter de se faire piétiner par des cerfs. Avouez, c'est pas mal, déjà.
Allez, on repart !
..
Le Nara que j'ai vu en arrivant est toujours là quand je repasse. Il me demande comment ça s'est passé. J'ai un haussement d'épaules.
-Globalement, ça va. Certains cerfs étaient paniqués mais ne se sont pas blessés les uns les autres. Et ont souvent retrouvé une sérénité en retrouvant les leurs. Y'avait juste des affreux gamins dans la forêt que j'ai réexpédiés de concert au village. Ils se sont pas fait mettre en miettes par les cerfs, vous en faites pas.Je regarde l'homme devant moi, l'air de dire : rien à ajouter, RAS à présent.
Il me congédie en me remerciant.
D'un pas tranquille, je reprends la route qui mène hors de la forêt. Une fois les derniers arbres traversés, je me rends compte que le ciel commence doucement à prendre sa couleur rougeâtre de fin de journée. Dans un forêt dense, on ne se rend pas vraiment compte du temps qui passe. Les feuilles obscurcissent la vue. Le ciel change sans qu'on n'y fasse attention.
J'ai un petit sourire aux lèvres tandis que je me dirige vers me cœur du village, pour rallier le bureau d'Hokage-sama.
Est-ce que ce soir, autour du repas, l'un des enfants racontera à ses parents, en pleurnichant « y'a une méchante madame qui a dit qu'on était des monstres » ?
Ce serait amusant.
Mais ceci dit, ça a assez peu de chances d'arriver. Parce qu'il faudrait que le gosse justifie sa présence dans la forêt alors qu'il devrait être à l'académie. Et ça, j'suis pas certaine qu'ils veuillent prendre ce risque. Ou alors ils sont encore plus débiles que je ne le pensais.
Cette idée m'arrache un petit rire.
La journée n'était pas si nulle que ça en fin de compte.