Le monde shinobi se préparait à ce qui s'annonçait d'ores et déjà comme l'événement majeur de ces dernières décennies. Personne n'aurait imaginé qu'un jour les Kages des plus grandes puissances se réunissent autour d'une table pour esquisser une paix durable entre les peuples. Impensable au début de l'An 700, c'est à la Mizukage, Mitsu Hako, que l'on doit cette initiative. L'annonce a créé un véritable raz-de-marée, suscitant à la fois un véritable engouement et une crainte grandissante. La peur et l'incertitude sont omniprésentes, faisant craindre le pire à l'aube du Sommet des Kages.
C'est à Kawa no kuni que les festivités débutent, un lieu tout désigné alors que quelques années plus tôt l'un des clans du pays, les Suttiku, proposait de rejoindre l'un des trois plus grands pays. Finalement c'est à Suna qu'ils se sont installés, après une lutte acharnée pour s'attirer les faveurs d'un nouveau clan. Par cet événement exceptionnel Kawa no kuni a prouvé que les rivalités pouvaient être mises à profit pour avancer ensemble dans la bonne direction. Pays neutre, c'est aussi l'endroit idéal pour organiser un tel événement compte tenu de son environnement.

Malgré toutes les bonnes volontés du monde ne vous y trompez pas, si les cinq grands pays du continent ont réuni leurs meilleurs éléments à ce sommet ce n'est pas uniquement pour en assurer la sécurité. En effet, c'est aussi et avant tout pour étaler leur puissance, une démarche encouragée par la Mizukage qui tient à garder cet esprit de rivalité. Mitsu Hako a peut-être mis fin à la Brume Sanglante, mais tout n'est pas à jeter pour autant dans ce qui a fit la sanglante réputation de Kiri. Jamais elle ne reniera le passé, au contraire même, elle tient à s'en inspirer pour l'avenir.
Konoha et Suna, représentés par Inuzuka Taka et Kinzoku Akira, partage cette vision dans une moindre mesure. Désireux de voir une paix se concrétiser ils sont prêts à consentir des efforts, mais certainement pas dans un climat de tension comme celui que propose leur homologue de Kiri. Une divergence qui a son importance alors que la réunion se profile, réunion au cours de laquelle ils devront s'entendre et prouver tout le bien du Pacte de Non-agression. Sans quoi jamais Kumo et Iwa n'apposeront leur signature pour poursuivre les efforts de paix.

Genins, Chûnins et Jônins, tous ont répondus à l'appel et sont venus au Pays des Cascades pour s'illustrer et montrer leur dévouement envers leur pays, certains un peu trop. Réunir autant de monde au même endroit c'est un risque et cela créait quelques escarmouches animées. Heureusement sans conséquences et très souvent apaisé par les autres ninjas présents. Toutes les personnes présentent veulent la même chose : une paix durable. Il aura fallu pas moins de trois guerres et des milliers de morts, mais elle n'aura jamais été aussi proche.
Tout va bien dans le meilleur des mondes donc… un Genjutsu ?! Non, mais toutes les rumeurs qui circulent ne sont pas venu sans raisons et dans l'ombre on s'active pour faire échouer les négociations. Pourquoi ? Comment ? La paix est dans l'intérêt de tout le monde. Seulement il semblerait que certains aient à cœur de retrouver l'effervescence de la guerre. Incapable d'oublier le passé ou peut-être simplement pour faire couler toujours plus de sang. Toujours est-il qu'à quelques heures du tant attendu événement auquel tout le monde veut croire, l'incertitude demeure…

Les cinq plus grands dirigeants du monde shinobi avaient répondus à l'appel et en soi c'était déjà un véritable exploit. Malgré cela personne ne voulait se contenter de ça, tout le monde voulait aller plus loin, voir plus loin. Plus facile à dire qu'à faire quand les esprits s'échauffent. La faute aux années passées et aux querelles qui ont animés les pays, mettant à mal la trêve fragile qui fut instaurée. Difficile dans ses conditions de parlementer, surtout avec un Raikage tout en charisme et en autorité. Toujours accompagné par son fidèle bras droit qui n'est autre que son frère, ninja de légende au Pays de la Foudre.


— Kiri n'a jamais levé le petit doigt par le passé et on devrait sagement suivre cette sociopathe de Mizukage ? S'impatiente déjà A qui ne mâche pas ses mots.

— Manque encore de respect à Mitsu Sensei et ton sang viendra se répandre sur cette table, annonce la fougueuse disciple de la Mizukage.


Une réelle intensité anime le regard du jeune prodige de Kiri, Kojima Irua. Personne ne se risquerait à la provoquer compte tenu de la réputation qu'elle a su se tailler au sein des Forces Spéciales du Pays de l'Eau. Vraiment personne ? Pas tout à fait, B n'a pas sa langue dans sa poche et fidèle à sa réputation il répond à la kunoichi.

— Doucement ma jolie, je m'en voudrais de devoir te faire du mal, dit-il avec le sourire et un ton charmeur.

— Silence ! S'exclame soudain le Hokage qui doit frapper du poing sur la table. Vous vous entendez ? On se croirez à l'académie ! Je suis persuadé que des Genins seraient bien plus matures que vous !


Inuzuka Taka n'est pas habitué à endosser ce rôle de médiateur, mais visiblement il est le seul à réellement s'investir pour le bien commun. Une chose que semble avoir oublié ses homologues. Néanmoins le Hokage parvient à imposer le silence et le respect. L'occasion est inespérée, il en profite pour leur adresser un message fort.

— Vous tenez vraiment à ce qu'on parle du passé ? Parce que dans mes souvenirs Kumo n'a pas brillé non plus, se permet Inuzuka Taka sans l'ombre d'une contestation. Les erreurs appartiennent au passé, jamais plus nous ne devons revivre les horreurs de la guerre, seul le souvenir de nos camarades tombés au combat doit demeurer et c'est pour honorer leur sacrifice que nous devons prôner la paix.

Un silence pesant mêlé de respect et de compassion est imposé dans la grande salle ovale qui a été improvisée pour la réunion. Tout le monde se rappelle du vide laissé par la disparition du Troisième Hokage avant la Troisième Grande Guerre Ninja, fragilisant le pays et causant de nombreuses pertes dans les rangs du Pays du Feu. Parmi elles les parents du tout jeune Inuzuka Taka à l'époque. Maintenant il a bien grandi et s'il a hérité de la fougue de sa mère, il a aussi hérité du charisme de son père. Un héritage qui lui permet aujourd'hui de s'imposer en véritable leader.

Les tensions apaisées, la discussion reprend sur de bonnes bases et c'est la Kazekage qui est à l'œuvre cette fois-ci. Derrière son indifférence affichée elle tient réellement à cette paix, mais pour celle-ci elle n'est pas prête à tous les sacrifices. Suna tient à ses coutumes et son indépendance, signer le Pacte de Non-agression était à l'époque un habile mensonge pour se renforcer pendant que ses homologues s'activaient pour la paix. Un temps seulement, car au fil des années elle a vu tout le bien que cela faisait et c'est aujourd'hui une fervente partisante de ce pacte et de la paix à venir. Toujours avec son tact légendaire, elle essaie de convaincre Iwa et Kumo de signer à leur tour, un geste surtout symbolique.


— Le Pacte de Non-agression à ses défauts, c'est vrai, moi-même j'ai encore du mal à croire que j'ai signé ce fichu parchemin, lance Kinzoku Akira devant un Inuzuka Taka désabusé. Mais il a aussi ses qualités, on peut envoyer nos plus jeunes éléments en missions sans craindre pour leur vie. Nous, c'est la guerre qui nous a formé, mais eux ont une chance de s'épanouir sans avoir à traverser ce que nous avons traversés, on est tous marqués par la guerre, on est tous plus irrécupérables les uns que les autres… mais pas eux, pas cette jeune génération qui fait ses premiers pas plein de confiance.

Une tirade étonnante de la part de la Kazekage, cependant elle révèle un aspect de Suna qui a toujours été une force : la jeunesse du Pays du Vent. C'est pour que la jeune génération puisse se préparer au pire que Kinzoku Akira aspire à la paix entre les pays. La guerre est une menace c'est vrai, mais elle sait que dans l'ombre se cache bon nombre d'ennemis prêts à surgir au moindre faux pas. Les cinq Kages et leurs plus fidèles ninjas réunis dans cette salle sont parmi ce qui se fait de mieux, sauf que leur heure viendra et ce sera aux générations suivantes de prendre la relève. La guerre ne devrait pas façonner ces jeunes pleins d'avenir, ça devrait être eux, ces ninjas d'exceptions, qui forment les plus jeunes. Voilà à peu près ce qu'elle a voulu dire avec cette tirade maladroite et pleine de bonne volonté.

— C'est bien beau tout ça, mais sauf votre respect Kazekage on ne vous a pas attendu pour former la jeunesse, rétorque le Tsuchikage qui prend de haut son homologue. J'ai d'ailleurs convié quelques-uns de nos meilleurs éléments à ce sommet.


Ônoki Ichiro a acquis une connaissance infinie du Ninjutsu, savoir qu'il prodigue volontiers à ses meilleurs disciples. Les arguments avancés par la Kazekage sont donc loin de lui suffire, mais heureusement elle a plus d'un tour dans son sac et elle ne s'est pas offerte cette tirade sans une bonne raison.

— C'est vrai, mais vous formez des combattants si je ne m'abuse, qu'en est-il de vos Ninjas Médecins ? Dois-je vous rappeler qu'on trouve les meilleurs adeptes de l'Iroujutsu à Suna et Konoha.

— Quel femme ! S'exclame le Tsuchikage qui ricane. Vous me rappelez ma seconde épouse… ou bien peut-être la quatrième ? Je perds la mémoire avec l'âge !

Personne n'y croit, le Tsuchikage aime jouer les "papys gâteux", mais en réalité il est plus en forme que toutes les personnes autour de cette table. La réponse de la Kazekage aura au moins le mérite de le convaincre, même si ce n'était pas le plus difficile. Le Raikage sera un plus gros morceau, d'autant qu'il a la rancune tenace contre Kiri et les clans que le Pays de l'Eau leur a arraché.

Hormis la joute verbale et les provocations des premières minutes, tout semble se dérouler comme prévu. Le Tsuchikage semble pour une signature du Pacte de Non-agression, mais à l'unique condition que Kumo en fasse autant. La proximité entre les deux pays ne date pas d'hier, il est connu qu'ils échangent régulièrement prisonniers et informations. C'est d'ailleurs ce qui a motivé ce sommet, pour éviter que deux des cinq grandes puissances du monde shinobi fassent bande à part. Craintes amenées par une Mizukage bien silencieuse devant un débat aussi houleux et difficile. Sans un mot elle observe, tout comme son élève qui a retrouvé son calme.

— Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, reprend maintenant le Raikage qui est loin d'être convaincu. Mais j'ai d'autres priorités que quelques jutsus de soin et j'aimerais beaucoup qu'on parle du Clan A…

Interrompu dans sa demande par une explosion retentissante, le Raikage se protège de la poussière générée par la porte qui vole en éclats. Comme ses homologues, il ne peut que constater le mal déjà fait quand il voit les six gardes postés devant la salle projetés au sol. Faisant maintenant irruption dans cette même salle, une armée de shinobi qui arbore fièrement l'emblème du Pays de la Pluie.

— Comment osez-vous ! S'énerve le Raikage qui voit déjà la foudre crépiter autour de lui.

Les yeux rivés sur cette interruption inattendue, tout le monde en a oublié les acteurs principaux qui se cachent derrière cette diversion. La faute à une épaisse poussière qui subsiste encore dans l'air.

— Où est la Mizukage ?! S'exclame Kinzoku Akira qui ne récent plus le chakra de Mitsu Hako.

— Bande de rats, je vais vous faire passer le goût de nous attaquer !

Impulsif, A et son frère s'élancent dans la bataille sans se poser de question. Inuzuka Taka avait bien d'autres projets pour ces traîtres, mais il doit lui aussi entrer dans la mêlée. Contre toutes attentes les shinobi d'Ame sont plus nombreux qu'il l'aurait cru. Parmi eux il croit reconnaitre plusieurs autres pays, mais ça devient difficile de se battre et de se concentrer dans un endroit aussi exigu. Problème réglé par une violente explosion qui souffle le toit, Ônoki Ichiro n'est pas du genre à faire dans la demi-mesure et à lui tout seul il vient à bout de ce qui reste des forces ennemies.

Le calme reprend ses droits, mais le chaos règne encore parmi les ninjas présents en nombre à ce sommet. C'est l'incompréhension qui demeure alors qu'ils aperçoivent au loin le combat se terminer sur une retentissante explosion. Une bourrasque emporte avec elle la poussière qui avait investie la zone pour dévoiler une nouvelle scène tragique. Tandis que les quatre Kages restant se tiennent sur ce qui reste de la salle de réunion, plus loin gît le corps sans vie de la Mizukage avec son bourreau qui se tient juste au-dessus. Le regard sombre de la jeune et talentueuse Kojima Irua fait froid dans le dos. Personne n'aurait imaginé pareil scénario, c'est pourtant bien elle qui tient le sabre ensanglanté que possédait il y a encore quelques minutes Mitsu Hako.

— Je crains que la Mizukage ne soit plus en mesure de tenir son rôle, je vais donc devoir prendre sa place, annonce Kojima Irua avec un sourire inquiétant. Et en tant que Cinquième Mizukage je me retire du Pacte de Non-agression, la Brume Sanglante renaît de ses cendres.

Sous le regard impuissant de son public, Kojima Irua disparait dans la brume et emporte avec elle le corps ensanglanté et sans vie de sa senseï.

Impossible dans ces conditions de parlementer autour d'une table, réduite en miettes comme les espoirs d'une paix entre les grandes puissances de ce monde. Le sommet prend fin sur cet acte macabre, laissant derrière lui trop de questions sans réponses. Questions auxquelles tentent de répondre Inuzuka Taka et Kinzoku Akira, réunis pour l'occasion dans les hauteurs de Konoha. Un événement tragique qui aura au moins eu le mérite de ressouder les liens entre le Pays du Feu et le Pays du vent, même si des divergences subsistent sur la suite des événements.

— Et maintenant que faisons-nous ? On ne peut pas laisser ce crime impuni, ni même cette traîtresse prendre le titre de Mizukage, s'énerve la Kazekage qui a du mal à contenir sa colère.

— Pourquoi avoir attendu le sommet pour agir ? Et pourquoi les ninjas de la pluie se sont jetés dans la gueule du loup…

— Tu te poses trop questions Taka, on doit agir ! Maintenant !

— Provoquer une guerre contre le Pays de l'Eau n'est dans l'intérêt de personne ! Rétorque l'Hokage avec autorité. J'attends une missive de la part du Daimyo de l'eau, nous en saurons plus, j'enverrais une équipe à Kiri pour voir ce qui se trame.

— De la diplomatie ? Vraiment ? Akira a été tué sous nos yeux et toi tu veux faire de la politique, s'impatiente la Kazekage qui soupir. Fait comme bon te semble, mais moi je ne veux pas me retrouver entre Kiri et Ame quand ils attaqueront.

— Laisse-moi quelques jours, le temps que…

— Hors de questions, réponds la Kazekage en interrompant son homologue. Que Kiri soit victime d'une telle trahison passe encore, mais que le Pays de la Pluie nous attaque… on leur a laissé trop de liberté, tout comme moi tu n'as pas oublié ce que nos ancêtres ont fait à ce pays et eux non plus.

— Raison de plus pour ne pas recommencer les erreurs du passé.

La Kazekage semble déterminé, rien ne lui fera changer d'avis, encore moins la missive tant attendue par Inuzuka Taka qui arrive à point nommé. Sauf que celle-ci est des plus inquiétante, le Daimyo de l'eau soutient Kojima Irua et valide son accession au poste de Mizukage. Il n'en fallait pas plus pour définitivement convaincre Kinzoku Akira qui ne reste pas plus longtemps à Konoha.

Pendant que la riposte se prépare, à Kiri c'est une véritable purge qui est organisée. Kojima Irua envoie ses ninjas aux quatre coins de la ville pour débusquer les plus fidèles partisans de Mitsu Hako et les enfermer – ou les tuer s'ils résistent. Quant aux autres ils n'ont d'autres choix que de suivre la Cinquième Mizukage, sauf s'ils veulent rejoindre ceux qu'elle définie comme les "traîtres à la brume sanglante". Une tension oppressante a investi les rues de Kiri, entre durcissement des lois et couvre-feu le peuple est dans l'attente et l'inquiétude. Mitsu Hako jouissait d'une certainement popularité au sein du Pays de l'Eau, popularité que sa disciple compte bien réduire à néant.

— Mizukage, s'exclame un ninja qui entre dans le bureau et s'incline avec respect. Les derniers partisans de Mitsu Hako sont actuellement conduits en prison, ce qu'il en reste est en fuite.

— Parfait, bon travail Tsunemori, répond Kojima Irua avec un sourire satisfait. Et qu'en est-il de notre invitée ?

— Nous avons dû renforcer les barrières, mais elle est sous bonne garde, Mizukage.

— Bien, voyons voir ce que vont faire Konoha et Suna maintenant qu'ils ont définitivement perdu Iwa et Kumo.